Parlez-nous de votre duo créatif et des sources d'inspiration communes qui vous nourrissent ?
Paul : On a chacun notre rôle et nous faisons rarement la même chose. Marthe travaille sur le concept créatif, le dessin, le design, l'ambiance qui va se dégager de chaque projet. Ça, c'est évidemment très important. Après, je prends le relai sur les plans, car je me repère assez bien. Je sais ce qui est faisable ou non et je me mets à la place des clients, je sais à peu près les réactions qu'ils vont avoir. Cela nous fait gagner du temps. Après, il y a toute la phase de réalisation et d'exécution du projet, avec toutes les problématiques techniques que cela comprend. Parfois, passer du rêve à la réalité n'est pas facile car il y a de belles idées qui ne fonctionnent pas concrètement.
Marthe : Nous essayons de garder au maximum cette part de rêve. J'ai une personnalité qui est très rêveuse, un peu nostalgique, donc oui, je peux partir dans des projets qui me font rêver. Mais mon expérience dans le métier fait que je dessine quand même des choses qui semblent réalisables. Paul est plus concret. Il va vraiment mettre en musique tout ça et coordonner tous les artisans et les métiers du bâtiment. Et puis, il faut le dire, être une femme dans ce milieu ouvrier, ce n'est pas toujours évident. Donc d'avoir cette complémentarité homme femme nous permet de parler à tout le monde. Ce que nos clients recherchent, c'est du talent et de la nouveauté.
Moi, je dirais que le talent, ça n'existe pas vraiment. Ce qui existe, c'est une curiosité intellectuelle. C'est essentiel d'être curieux dans nos métiers, d'aller voir à droite, à gauche. C'est vrai qu'on lit beaucoup, on voyage. Et puis on apprend à aiguiser notre regard. On ne m'a pas vraiment appris à dessiner, on m'a appris à regarder. J'ai formé mon œil. A partir du moment où tu vois, tu sais dessiner.
Marthe : Quand on arrive vraiment à saisir les petites choses, la perspective, qu'on comprend un volume, que l'œil voit la perspective et la couleur, après le dessin ça s'apprend. Quand ma mère peint, elle peint presque les yeux fermés. Elle a son idée en tête et c'est sa main qui suit son idée. Moi, c'est un peu pareil. J'ai développé de la curiosité et nous essayons d'aller vers là où on ne nous attend pas. Pour le projet de la maison Fragonard, j'aurais tout à fait pu faire le plan d'une maison classique, mais on s'est demandé ce qu'on pouvait faire pour que ce soit exceptionnel et que les gens s'en souviennent.