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"LA ROUTE DU BONHEUR"
Jean-Baptiste Mallet

Musée Jean-Honoré Fragonard
14 rue Jean Ossola, 06130 Grasse
04 93 36 02 07

Entrée libre

Quand le musée Jean-Honoré Fragonard a ouvert ses portes il y a dix ans,  Jean-Baptiste Mallet était encore un peintre très confidentiel. Depuis, le temps a fait son oeuvre. À la trentaine d’oeuvres réunies par Jean-François Costa dont l’énigmatique Madame la duchesse d’Angoulême au tombeau de ses parents, Louis XVI et Marie- Antoinette, de récentes acquisitions telles La Fidélité le ramène ou La Somnambule sont venues révéler d’autres pans de son oeuvre et faire bouger les lignes de la connaissance du peintre. À leur tour, le musée Cognacq-Jay et l’Art Institute en 2015, le musée Fabre, en 2017, et le Metropolitan Museum of Art, en 2018, ont acquis des oeuvres de l’artiste, preuve s’il en fallait de l’intérêt qu’il suscite désormais auprès de la communauté scientifique.

Le Dessinateur en Italie, vers 1792, gouache, 25x33,2 cm, Grasse, musée d’Art et d’Histoire de Provence. 

Dans la Galerie de Son Altesse Royale Madame la duchesse de Berry, Féréol de Bonnemaison, le conservateur de la duchesse, publiait en 1822 ses tableaux de Jean-Baptiste Mallet qu’il accompagnait d’un texte élogieux, mais aussi de quelques éléments biographiques erronés, repris et déformés sempiternellement depuis. Par la suite, son oeuvre fut mal compris, et souvent réduit au seul corpus de ses premières gouaches. Les frères Goncourt le définissaient justement comme « le dernier représentant de la gouache, de cet art tout XVIIIe siècle, et qui ne survécut pas à la monarchie. » Or, Mallet, dont nous présentons sans doute la première feuille conservée, datée de 1780, travailla en effet sous le règne de Louis XVI, mais il ne déposa ses pinceaux que sous celui de Louis-Philippe, cinquante-cinq ans plus tard. Jean-Baptiste Mallet méritait une rétrospective. Fruit de deux années de travail, elle devrait modifier sensiblement la perception du peintre. Elle a pour ambition de casser l’image de simple « chroniqueur de la vie mondaine » (Paul Guth) pour montrer combien son oeuvre fut non seulement beaucoup plus riche et fécond, mais aussi plus engagé, plus audacieux et plus original. La mise à jour de nombreux documents inédits dans les archives des Alpes Maritimes, aux Archives nationales et aux Archives des Beaux-arts de Paris permet aussi d’esquisser le parcours d’un esprit très fin, très courageux aussi. S’il est toujours un peu délicat de tenter de lier la vie personnelle d’un artiste aux sujets qu’il traite, une kyrielle d’éléments familiaux nouveaux éclairent peut-être ses choix. Né à Grasse deux ans avant Marguerite Gérard, Grassois par sa mère et Cannetan par son père, Mallet eut comme elle une enfance bouleversée par le départ précoce de son père. Dans la monographie que nous avons consacrée à Marguerite Gérard, nous avons montré comment son père, maître parfumeur et fils de maître parfumeur, laissa tout à coup femme et enfants pour s’engager comme simple soldat dans la Compagnie Royale d’Afrique. Le père de Jean-Baptiste Mallet disparut, lui, tout bonnement sans permettre à son épouse et à ses enfants de retrouver sa trace. Sa mère, de retour à Grasse auprès des siens, les Chéry, bonne famille bien ancrée, éleva donc seule ses enfants dont l’un d’eux fit à l’âge adulte le même choix aventureux que son père, en coupant littéralement les ponts avec sa fratrie. Un des aînés décida en revanche de devenir peintre et entra à 24 ans dans l’atelier de Jean-Baptiste Marie Pierre, puis deux ans plus tard chez Restout fils. Il avait ouvert la voie et son cadet, Jean-Baptiste, n’eut qu’à le rejoindre pour faire à son tour son entrée chez Dandré-Bardon,

détail qui n’était pas connu, puis chez l’ancien élève de celui-ci, Simon Julien, qui invita finalement les deux frères Mallet à vivre chez lui pendant leur formation. Avant de prendre le chemin de l’Italie pour parfaire ses années d’apprentissage, autre point inédit de sa biographie, Jean-Baptiste Mallet suivit ainsi le parcours classique d’un futur peintre d’histoire. Les archives révèlent une kyrielle de détails tout aussi surprenants qui bouleversent l’idée que l’on se faisait de Jean-Baptiste Mallet. L’oeuvre est tout aussi étonnant et aux antipodes des passages pleins de venin des frères Goncourt.
Le cousin germain du chanoine réfractaire de la cathédrale de Grasse décida très tôt de mettre ses pinceaux au service des « invisibles », ou du moins de ceux dont l’image, en raison de leurs choix personnels et politiques, ne devaient pas ou plus apparaître. Mallet peignit les messes secrètes des années 1792 et 1793, les prostituées désormais tolérées dans l’espace public, mais dont le statut était de plus en plus ambigu, les familles déchirées par le départ des volontaires, les Émigrés et les nobles désoeuvrées qui vivaient cachés par peur de la Terreur, les adeptes du culte théophilanthropique…
Or vint un moment où quelques années après le Code civil, si défavorable à la femme dont il gommait tous les acquis sociaux, Jean-Baptiste Mallet prit conscience que le sujet le plus audacieux était la femme libre, figure désormais inquiétante du nouvel ordre social. Il tenta alors d’être à l’écoute des préoccupations de la Française de son temps, inquiète de perdre sa liberté de ton et de moeurs. L’une de ses séries les plus étonnantes est sans doute celle où il déclina à l’envi les occupations diurnes et nocturnes d’une Vénus nue, parée d’atours très modernes dans un intérieur extrêmement élégant au dernier cri : Le Lever, La Frileuse, La Réussite, Les Cartes, Le Bain, La Somnambule, La Toilette avant le Mariage, Le Lendemain du Mariage…
S’il ne fut jamais l’égal de son compatriote grassois Jean- Honoré Fragonard ou de son ami Pierre-Paul Prud’hon, auxquels il a été trop souvent facile de le comparer, son oeuvre présente néanmoins un double intérêt. L’historien de l’intime découvrira cet été les questionnements sur le recueillement ou le sentiment maternel ou amoureux, d’un homme qui fêta ses trente ans en 1789. L’historien de l’art s’étonnera du parcours d’un besogneux dont l’opiniâtreté fut récompensée et qui produisit ses oeuvres les plus fortes lorsque sa route croisa celle d’amateurs engagés et décidé à soutenir ses joutes picturales avec les sujets les plus séditieux.
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